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mercredi 8 septembre 2010

LE HEZBOLLAH PREPARE L’ARRIVEE DES IRANIENS EN IRAK


LE HEZBOLLAH PREPARE L’ARRIVEE DES IRANIENS EN IRAK

Par Jacques BENILLOUCHE


          La capacité de nuisance du Hezbollah ne se manifeste pas uniquement à l’égard d’Israël ni du processus de paix israélo-palestinien. La crainte du vide en Irak, après le départ des troupes américaines, inquiète les occidentaux et les pays arabes car le voisin iranien lorgne sur un territoire soumis aux convoitises des chiites. L’Iran n’a jamais caché ses prétentions de prendre sa revanche après la guerre mal terminée en 1988 qui a fait plus d’un million de morts. Il prépare donc sa prise de contrôle du pays par Hezbollah interposé en s’appuyant aussi sur une nouvelle élite irakienne particulièrement pro-Hezbollah.

Attaque des troupes américaines



          Des sources du renseignement israélien dévoilent que des troupes du Hezbollah ont reçu pour mission de déstabiliser l’Irak. Un responsable du contre-terrorisme américain a précisé le 6 septembre que « le Hezbollah a frappé des cibles américaines en Irak en tant que sous-traitant de l’Iran et de la Syrie ». L’Iran avait déjà décidé de s’attaquer aux troupes américaines en Afghanistan en payant les talibans pour chaque militaire tué en leur allouant une somme de 1.000 dollars. La crainte d’une attaque de leurs installations nucléaires pousse en effet les iraniens à planifier une vague de terrorisme à la fois en Afghanistan et en Irak pour tenter d’endiguer les velléités d’Israël et des Etats-Unis. D'ailleurs, le 7 septembre, un homme déguisé en soldat de l'armée irakienne a tiré et abattu deux soldats americains au nord de l'Irak, ont annoncé des sources officielles américaines.

          Une commission du Sénat américain du 8 juin 2010 avait évalué les menaces du Hezbollah sur les Etats-Unis. 500 millions de dollars avaient été affectés à cet effet pour contrer les actions de la milice au Liban. Les américains qui s’étaient montrés « de plus en plus inquiets » d’un transfert par la Syrie de missiles de longue portée au Hezbollah, craignent aujourd’hui que ces missiles ne soient utilisés contre leurs propres troupes.

          Le Hezbollah agit en Irak à travers deux associations chiites iraquiennes qui lui servent de camouflage. La ligue des croyants (Asaib Al-Haq) et les brigades Hezbollah (Kataïb). La ligue des croyants a été entrainée durant quatre ans dans une base iranienne des Gardiens de la Révolution par des officiers du Hezbollah. Des militants de la ligue ont ensuite été envoyés, déguisés en pèlerins chiites, dans des villes du sud de l’Irak pour s’attaquer à des cibles américaines.

          Les brigades du Hezbollah sont implantées au sud-Liban et se préparent au combat contre Israël. Leur chef, le général iranien Al-Muhandis, s’était rendu à une réunion à Damas le 21 août pour rencontrer le chef des Gardiens de la Révolution, en mission secrète. Cette réunion avait pour but de synchroniser, avec les officiers syriens, les actions de terrorisme en Israël, en Cisjordanie mais, on le sait à présent, aussi en Irak.

Objectif Irak



          Le secrétaire Hassan Nasrallah n’a pas caché son projet d’ingérence en Irak. Il a fait part de ses intentions lors de son intervention télévisée du 3 septembre durant laquelle les observateurs ont constaté plusieurs mentions de l’Irak dans ses propos : « La résistance irakienne avait surpris l'occupant américain….L’axe englobant la Palestine, le Liban, la Syrie, l'Irak et l'Iran a fait échouer le projet américain visant à diviser la région et à y liquider la résistance… le retrait américain de l'Irak est un échec et une défaite. ». Cette appui à la résistance irakienne préfigure donc le combat que le Hezbollah entend mener en Irak pour aider l’Iran à s’y implanter en force.

          Mais les israéliens voient aussi dans cette participation du Hezbollah à une intervention en Irak un moyen de réactiver le front de l’est comme du temps de Saddam Hussein mais avec la nouveauté que plusieurs pays, Iran, Syrie et Liban, la composent aujourd’hui. Certes l’Irak n’a pas de frontières communes avec Israël mais l’inquiétude vient des fondamentalistes jordaniens installés à la frontière avec l’Arabie Saoudite qui agissent en perturbateurs. Ils avaient organisé, avec le parrainage d’El Qaeda, les premières actions au gaz sarin et une attaque lors d’un mariage à Amman. Ils sont accusés de vouloir déstabiliser la Jordanie et de chercher à assassiner le roi Abdallah permettant à la Syrie de s’approprier un pays pouvant faire partie de la Grande Syrie.

          En utilisant son sous-traitant islamiste bien armé par ses soins, l’Iran veut contrôler Kerbala avec les sanctuaires chiites de Najaf. Il veut imposer un gouvernement irakien, à sa solde, dirigé par des chiites, afin de mieux manipuler Bagdad avant d’imposer sa mainmise sur tout le pays, quitte à en accepter la partition. Il a surtout une visée affirmée sur les champs pétrolifères du sud afin de gérer l’approvisionnement mondial en pétrole et de se doter d’une nouvelle capacité de raffinage qui fait défaut en Iran.

        Le départ des américains d’Irak va favoriser le développement de la propagande du Hezbollah en traduisant le retrait volontaire en une victoire des moudjahidines à l’instar de l’évacuation du sud-Liban et de Gaza par Israël. Cette prétendue victoire risque de le pousser à envisager des actions militaires ou terroristes qui accroitront l’instabilité au Moyen-Orient, une région foisonnante de sources de conflits. En se recommandant de cette nouvelle stratégie, la milice n’hésitera pas à torpiller les négociations de paix israélo-palestiniennes qui s’opposent à sa stratégie de reconquête du Liban et de la Cisjordanie. Les israéliens ont toujours été certains que le danger venait du nord et moins de l’Iran. Ils en sont à présent convaincus.


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