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jeudi 14 décembre 2017

Péripéties diplomatiques entre la France et Jérusalem par Alain PIERRET



PÉRIPÉTIES DIPLOMATIQUES ENTRE LA FRANCE ET JÉRUSALEM

Par Alain PIERRET
Ancien Ambassadeur de France
            

          Je note que Emmanuel Macron n’a pas «condamné» la décision de Donald Trump. Cela valait sans doute mieux, car outre les textes ci-joints, il me semble que la France n’a pas réagi lors de l’annexion de Jérusalem en 1967, peut-être parce que cela nous arrangeait de voir Bethléem sortir de la zone internationale et être récupérée dans le giron des responsabilités directes du consulat général.



            Couve de Murville se souvenait-il alors des propos que le général de Gaulle avait tenus dans sa conférence de presse du 17 novembre 1948, en réponse à la question ? «Mon général, quelles devraient être à votre avis les bases du règlement du conflit qui oppose Israélites et Arabes en Palestine ?». Il avait alors répondu : «Monsieur, je crois que les bases de ce règlement sont en train de se décider par les armes. Je constate qu’il est désormais bien difficile de refuser aux Juifs le Negeb qu’ils ont pris ou la Galilée dont ils se sont emparés. Je serais fort étonné qu’en définitive Jérusalem ne fît pas partie de leur État à la condition qu’il y ait pour Jérusalem un régime international qui assure les droits de la chrétienté. Le reste, ce sont des questions d’occasion, d’opportunité».
            Lamartine, dans Voyage en Orient de 1835, avait prédit : «un tel pays, repeuplé d’une nation jeune et juive, cultivé et arrosé par des mains intelligentes, serait encore la terre de promission aujourd’hui, si la Providence lui rendait un peuple, et la politique du repos et de la liberté».
Lettre reçue par valise diplomatique

            Par arrêté au Journal Officiel du 14 octobre 1985, signé par Roland Dumas et Jean-Pierre Chevènement, relatif à la terminologie des noms d’États et de capitales, il était mentionné que Tel-Aviv était la capitale d’Israël. Le 4 novembre 1993, un autre arrêté signé par Alain Juppé et François Bayrou mentionnait à nouveau Tel-Aviv comme capitale. Critiqué par des journalistes israéliens, Alain Juppé avait promis de revoir sa copie. Dix-huit mois plus tard, son successeur Hervé de Charrette, publia en juin 1995 un document interne au ministère, dans lequel ne figurait plus le nom de Tel-Aviv, remplacé par un numéro de renvoi. Aucun arrêté ne sera publié au J.O.
Abou Gosh

            Sur un autre plan, une situation anormale est faite au village arabe d’Abu Gosh situé en territoire israélien non contesté, à une quinzaine de kilomètres de Jérusalem et qui abrite des monastères bénédictins (hommes et femmes) autour d’une superbe église des croisés. Les «raisons d’ordre purement pratique», avancées par une note du Quai d’Orsay du 17 février 1958, pour justifier une «légère dérogation», ont depuis longtemps disparu (état des routes, gouvernement israélien à Tel Aviv, les Français du kibboutz français de Neve Ilan étant rapidement repartis).
Retaurant célèbre à Abou Gosh

             En juin 2008, pour ne pas vexer le Quai d’Orsay et le Consul général à Jérusalem, le président Sarkozy y avait fait une visite privée, sans collaborateurs ni journalistes. Aucune personnalité politique française de premier plan n’a par ailleurs visité la communauté de Neve Shalom, Whahat al-Salam, fondée par un dominicain d’origine juive égyptienne et toujours administrée par une Française. Ce qu’avait fait Hillary Clinton.

            Lors de la visite, le 11 janvier 2000, du président israélien Weizman à Abou Gosh, propriété française en terre d’Israël, aucun représentant de la République ne fut présent pour l’accueillir. L’ambassadeur en Israël n'était pas «chez lui». Le consul général à Jérusalem n'avait aucun contact avec les autorités supérieures de l'État, du gouvernement ou de la Knesset.

1 commentaire:

Marianne ARNAUD a dit…

Une péripétie, par définition, change le cours des choses, alors qu'ici, les diplomates semblent se contenter de chanter la palinodie !