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lundi 30 novembre 2015

Les risques d'un ciel syrien encombré



LES RISQUES D’UN CIEL SYRIEN ENCOMBRÉ

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

         

          Il ne fait aucun doute que le ciel syrien est encombré et qu’un incident est vite arrivé surtout si les pilotes et le commandement ne font pas preuve de plus de circonspection. Les pilotes israéliens sont d'ailleurs sélectionnés sur leurs capacités réactionnelles plutôt que sur leurs dons techniques ou physiques. Le courage et le sang-froid peut éviter des catastrophes et sauver des vies humaines. Les pilotes doivent analyser le risque avant de paniquer et d'actionner le bouton rouge.



            
          En effet, en réaction à la chute d’un bombardier Sukoï-24 abattu par un chasseur turc dans l’espace syrien, la Russie a décidé d’installer en Syrie des systèmes de missiles sol-air S-400. Le ciel devient pratiquement fermé aux avions de l’OTAN qui devra au moins obtenir le feu vert de Moscou pour survoler la zone des combats. L’ensemble de l’espace aérien syrien est à présent contrôlé par un radar capable de viser simultanément 300 cibles et de charger 72 missiles à la fois. 



          Ces systèmes ont été installés à la base militaire de Hmeimim en Syrie. Par ailleurs le croiseur lance-missiles Moskva, équipé de systèmes anti-aériens près de la province de Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie, permettra aux bombardiers russes de voler désormais sous la protection de chasseurs. Il est probable que l’incident entre Ankara et Moscou n’aura pas de conséquences militaires et que la guerre ne sera pas déclarée pour un manque de sang-froid de la part des Turcs.
            Mais la nouvelle situation limite la liberté d’action des avions israéliens au-dessus de la Syrie alors qu’Israël a besoin de surveiller les transferts d’armes aux miliciens du Hezbollah libanais. Pour l’instant les Israéliens ne semblent pas préoccupés outre mesure parce qu’ils devront au préalable prévenir l’Etat-major russe. Seules les règles du jeu ont changé sachant que ces nouveaux radars détectent tout à des centaines de kilomètres pour fragiliser tout chasseur F-15 ou tout bombardier furtif B-2.
            Le déploiement des S-400 à Lattaquié permettra d’assurer à la Russie le contrôle aérien sur la Syrie, le Liban, Chypre, la moitié de la Turquie, des parties de l’Irak et de la Jordanie et, bien sûr, Israël. Pour l’instant les Etats-Unis ni l’Europe n’ont pas réagi.

            L’assurance israélienne est liée à l’accord établi entre militaires russes et israéliens pour permettre une coordination préalable entre aviations. Une «ligne directe» a été installée entre Moscou et Tel Aviv pour éviter tout incident entre leurs aviations dans l’espace aérien syrien : «Le partage mutuel d’informations sur les opérations de nos forces aériennes a été établi par le biais d’une ligne directe entre le quartier-général russe de la base aérienne Hmeimin, dans le nord-ouest de la Syrie, et celui de l’aviation militaire israélienne». Selon le ministère, des «entraînements» se sont déroulés pour que les États-majors des deux aviations se familiarisent avec cette ligne directe. Ce mécanisme a été mis au point lors de la rencontre en septembre à Moscou entre le président russe Vladimir Poutine et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, accompagné des plus hauts chefs militaires.  
          L’espace aérien est de plus en plus encombré, mais les chasseurs russes opèrent surtout dans le nord et dans l’ouest de la Syrie. Cependant, la sécurité d’Israël risque d’être écornée par le viol fortuit de l’espace aérien israélien par un avion russe. Cela a été le cas, ce 29 novembre, selon le ministre de la défense Yaalon qui a estimé que la violation russe était due à une «erreur de pilotage». L’intrusion a été réglée dans le calme et sans incident. Selon le ministre : «Il y a eu une légère intrusion d'un mile (1,6 km) de profondeur de la part d’un avion russe dans notre espace aérien, mais il a été immédiatement résolu et l'avion russe est retourné vers la Syrie. C’était apparemment une erreur du pilote qui volait près du Golan». L’incident n’a pas eu de suite grâce à la «hotline» qui a été établie entre Israël et la Russie. Yaalon a poursuivi : «les avions russes n’ont pas l'intention de nous attaquer, ce qui explique pourquoi nous ne devons pas réagir automatiquement et les abattre en cas d'erreur». 
          Pour l’instant il n’existe aucun malentendu entre Russes et Israéliens mais l’exiguïté de l’espace syrien est telle que nul n’est à l’abri d’une «erreur de pilotage» ou d'une provocation.




2 commentaires:

Georges KABI a dit…

Quand les Russes auront terminer de deployer leurs materiels, Israel se verra interdire l'acces au ciel syrien, les accords etant etablis pour etre violes. Aussi, l'action turque n'est pas aussi idiote qu'on veuille le voir. Les Turcs verront leurs exportations agricoles vers la Russie baisser. Big deal! Mais ils restent libres de faire ce que bon leur semble, sachant que Poutine ne les attaquera pas. Le dindon de la farce pourrait bien etre Israel, peut-etre meme force de rendre le Golan a la Syrie.eorge

Avraham NATAF a dit…

Le territoire d' Israël est encore plus exigu.Le gouvernement turc affirmait " ne pas avoir identifié l'avion comme russe". Pour des pilotes en état d'alerte ' c'est dangereux.