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lundi 6 octobre 2014

LE HAMAS PERSISTE À VOULOIR PRÉPARER SA REVANCHE


LE HAMAS PERSISTE À VOULOIR PRÉPARER SA REVANCHE
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
            
Djihad islamique à Gaza

          Alors que les Israéliens font tout pour faciliter un début de retour à la normale avec Gaza, et que le chef d’État-Major de Tsahal, Benny Gantz, estime qu’il est temps d’offrir de l’espoir aux Gazaouis, le Hamas, ou plutôt sa branche armée des brigades Ezzedine Al-Qassam, songe toujours à une revanche militaire. Il est vrai que l’accord signé avec le Fatah prévoit la prise de contrôle de la bande par l’Autorité palestinienne et la mise à l’écart des brigades, remplacées par 3.000 policiers de Cisjordanie. Les milices islamistes armées acceptent donc difficilement d’être reléguées au second plan.



Détente temporaire

Contrôle à un point de passage

            Israël joue pourtant la détente en autorisant 500 Gazaouis à se rendre à Jérusalem à l’occasion de l’Aïd Al-Adha, pendant trois jours à compter du 5 octobre. Cela permettra certainement des retrouvailles familiales. C'est la première fois qu'Israël délivre autant de permis de visite à des Palestiniens, âgés de plus de 60 ans, depuis que le Hamas a pris le pouvoir dans la bande en 2007. 
Rami Hamdallah

          Le premier ministre Rami Hamdallah a rencontré un haut fonctionnaire israélien pour mettre au point les modalités de levée de certaines restrictions durant les prochaines fêtes musulmanes. Ils ont également discuté de l’exportation vers la Cisjordanie de produits en provenance de Gaza ainsi que de la possibilité pour les jeunes d’étudier en Cisjordanie et à l’étranger. Il s’agit des premières mesures effectives, consécutives à l’accord de cessez-le-feu négocié le 26 août avec l’Égypte.
            Mais les brigades Al-Qassam ne renoncent en rien à leur volonté d’en découdre avec Tsahal. Ils se sont rendus dans les principales moquées pour appeler les Palestiniens à s’engager dans la nouvelle «armée populaire» en formation, posant ainsi de sérieuses inquiétudes avec le Fatah qui est censé récupérer le pouvoir administratif à Gaza.  
Entrainement des nouvelles recrues

          Les modalités pour cette nouvelle armée ont été détaillées : formation des membres à l’utilisation d’armes légères dans les académies militaires de Gaza qui recevront toutes les candidatures des nouvelles recrues. Abu Jaafar, responsable d'Al-Qassam, a officiellement annoncé aux médias le 25 septembre que des milliers de jeunes de plus de 16 ans sont déjà en voie de formation car ils seront «indispensables dans la guerre future avec Israël».

Création d’une armée populaire

            Cela devient une habitude dans la région. On n’a pas fini une guerre qu’on songe déjà à la prochaine qui fera encore plus de morts et encore plus de destructions. Le Hamas, qui ne nie pas cette information, tente de tempérer les ardeurs des brigades : «Il ne s’agit pas à proprement parlé de la création d’une armée au vrai sens du mot, mais l'idée est de compléter le projet de formation des jeunes que l’ancien ministère de l'Éducation avait lancé dans les écoles de Gaza. Le programme est destiné à des élèves du secondaire qui participeront à des camps d'été chaque année.» Drôle de ministère de l’éducation qui distribue des armes !
Brigades al-Qassam

Le leader des brigades Al-Qassam anticipe déjà la création d’un État indépendant car il estime que : «L'idée d'une armée populaire n'est pas nouveau pour le Hamas. Elle avait déjà recueilli un large soutien populaire durant les Intifada pour la résistance armée contre l'occupation. Ce concept, qui va de pair avec la conscription dans les États indépendants». Il ne se cache pas que la formation des conscrits pourrait être plus poussée : «Al-Qassam est la seule branche armée du Hamas, qui forme ses membres à utiliser différents types d'armes lourdes. Ils sont même appris à lancer des roquettes et effectuer des opérations de commandos, et ils font des exercices militaires difficiles». On ne peut pas être plus clair sur les intentions véritables de membres qui refusent toujours de désarmer.

Un défi à l'Autorité

Il s’agit d’un véritable défi lancé à l’Autorité palestinienne qui devra confirmer sa mainmise sur Gaza car il s’agit, ni plus ni moins, d’une préparation à la guérilla. Par ailleurs des questions se posent sur cette formation d’«armée populaire» qui absorbera un coût financier énorme et qui devra disposer d’armes dont on ignore l’origine. La leçon de la guerre qui a vu des millions de dollars partir en fumée n'est pas encore assimilée.
Moussa Abou-Marzouk

Moussa Abou Marzouk, directeur adjoint du bureau politique du Hamas, reste sibyllin sur cette formation mais prétend que les «Palestiniens vivent dans une société résistante et ont donc besoin de la philosophie de la résistance pour les protéger et défendre leur pays». L’OLP a déjà réagi négativement car «une telle mesure est susceptible d'affecter la conciliation délicate, entre le Fatah et le Hamas dans la bande de Gaza. Le Fatah fait une distinction entre les armes de la résistance légitime et cette armée populaire, qui va nuire à la réconciliation». En fait il s’agit bien d’une mesure initiée par les dirigeants politiques islamistes visant à confirmer la haute main du Hamas sur l’avenir de la bande de Gaza en mettant le plus d’obstacles face à l’arrivée du Fatah à Gaza.

Idéologie inchangée

Khaled al-Batsh

En fait le Hamas est contraint de suivre le mouvement dans une marche forcée depuis l’avènement de l’E.I. Il ne veut pas être débordé par le Djihad et il se trouve contraint de composer avec lui. C'est à celui qui sera le plus extrémiste. Il est jaloux de la forte popularité que connait le Djihad islamique, qui a pourtant accepté la trêve mais qui n’a pas évolué dans son idéologie consistant à récupérer la totalité de la «terre de Palestine». 

C’est à un concours de jésuitisme auquel sont conviés les différents clans à Gaza. Ainsi Khaled al-Batsh, un des responsables du Djihad islamique, a précisé que le mouvement s’est engagé à respecter le cessez-le-feu : «Nous nous sommes engagés à respecter le cessez-le-feu conclu sous les auspices de l’Égypte, tant qu’Israël le respecte de son côté». Mais il a confirmé par ailleurs «qu’il n’abandonnera pas son droit de résister».
Il est cependant peu probable que le Djihad modifie son idéologie en acceptant le principe d’un État basé sur les frontières de 1967 : «Le Djihad islamique estime avoir droit à toute la terre de Palestine». Il adopte en fait une posture temporaire, de repli stratégique, puisque son responsable, Mohammed Al-Hindi, a déclaré le 11 septembre : «La décision de la guerre n’est pas dans les mains d’un gouvernement ou d’une autorité. Tout le monde sait que nous ne sommes pas un véritable État, que la bande de Gaza et la Cisjordanie sont occupés et que l’ennemi est celui qui a commencé les hostilités». En fait la trêve sert à réorganiser les troupes, à développer de nouvelles forces et surtout à se réarmer. Le journal du Djihad islamique, Al-Istiqlal, reflète clairement la position actuelle du mouvement dans des articles dénonçant l’Autorité palestinienne à Ramallah et en particulier son président Mahmoud Abbas. Mais il évite, pour assurer l’avenir, de critiquer ouvertement le Hamas bien qu’il cherche à se démarque de lui.
Djihadistes de la brigade Al-Quods

Mais le Djihad s’est bien vendu pendant la guerre. Malgré cet accord avec le Hamas, la population de Gaza a le sentiment que le Djihad islamique a montré plus de solidarité et de sympathie pour la douleur du peuple, et qu’il était plus déterminé que les autres organisations pour mettre fin à la guerre. Après la guerre, le soutien pour le Djihad islamique a augmenté de 30,8%, et de 28,9% pour les Brigades Al-Qods, sa branche armée. 
Le mouvement est devenu très populaire parce qu’il s’est montré plus cohérent, plus organisé et plus flexible que le Hamas. Il se targue d’avoir empêché Israël d’atteindre ses objectifs d’occuper Gaza, d’éradiquer les miliciens et de placer un gouvernement fantoche. Il estime que : «Le président Mahmoud Abbas était impliqué dans un accord avec un axe régional centré sur l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Jordanie, tandis que le mouvement Hamas opérait dans l’axe Doha-Ankara-Frères musulmans. Le Djihad islamique est sorti du lot avec un programme national qui est le sien».
Sauf à souhaiter l’arrivée au pouvoir de personnalités palestiniennes pragmatiques à Gaza, on ne peut rien exclure pour l’avenir de la Bande.

            

2 commentaires:

Avraham NATAF a dit…

Comme l'Etat islamique, le Hamas cherche à paralyser par la terreur et garantit les massacres; l'E.I. nous montre des égorgeurs, des massacres, des conversions massives et des femmes même enfants vendues comme esclaves. Il ne manque pas dans les récits bibliques de visions similaires. Les terroristes craignent la guerre imposée par drone, la meilleure réponse à la guérilla.

Michel LEVY a dit…

La décision de reconnaissance de la Palestine par la Suède dans les circonstances actuelles est monstrueuse.