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mardi 16 avril 2013

LA DAME DE L’AUBE : Yom Hazikaron


LA DAME DE L’AUBE : YOM HAZIKARON 

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
    
          C'est le jour du souvenir, Yom Hazikaron, le jour en hommage aux soldats de Tsahal tombés au champ d'honneur, le jour de deuil qui précède la joie de la victoire de l'indépendance, le jour où l'on doit garder en mémoire le sacrifice de nos jeunes.

Yohan ZERBIB z"l

          Ils sont nombreux, ces jeunes juifs francophones qui quittent la France pour s’engager dans les forces de Tsahal alors que rien ne les y oblige. Ils abandonnent leurs parents, leurs études et leurs amis pour partager le quotidien israélien de la guerre. Ils n’ont jamais été découragés par les énumérations insoutenables des noms des soldats morts au Champ d’Honneur, Le jour du souvenir, le jour de Yom Hazikaron. Au contraire, ils viennent par solidarité avec les jeunes israéliens pour défendre le peuple juif. Le «khayal boded», militaire volontaire engagé, vivant en Israël sans sa famille, est une denrée précieuse car il personnifie le don de soi pour la patrie. 

Sionisme avec les tripes


Les jeunes de France n’ont jamais caché la fougue qui les poussait à manifester dans les rues de Paris en arborant le drapeau israélien. Et parmi eux, quelques jeunes, qualifiés «d’excités», choisissent de s’engager à la guerre alors qu’ils ne savaient même pas manier un couteau de scout. En fait, ils voulaient être sur place, en Israël, parce qu’ils avaient décidé de mettre leurs convictions en accord avec leurs actes. Ils ne concevaient plus leur vie, à l'abri en Diaspora, car leur idéal vibrait, ailleurs, dans le pays où ils voulaient vivre leur sionisme avec leurs tripes.
Alors, fuyant le confort douillé de leur vie familiale, ils avaient décidé de quitter la France, l’Australie ou l’Ukraine pour porter l’habit militaire sans chercher à faire de la figuration, ni à s’octroyer la première page des journaux "people". Ils voulaient se battre, régler un compte avec leur conscience, et de préférence dans les unités d’élites. Ils voulaient faire les dizaines de kilomètres quotidiens avec leur barda de 60 kgs sur le dos, sans oublier parfois de glisser leurs téfilines dans la poche. Ils voulaient se poster en embuscade des nuits durant, tapis derrière un buisson, pour intercepter les terroristes cherchant à s’infiltrer en drainant avec eux la haine et la mort. Ils voulaient faire partie des commandos des régiments Golani ou  Guivati pour prouver que les juifs de Diaspora ne sont pas des bras cassés. Ils réconfortaient leurs mères au tempérament trop juif en leur faisant croire qu’ils se doraient la pilule, au soleil, entourés de filles dans une base du centre du pays, alors qu’en réalité ils crapahutaient dans les collines du Liban face au Hezbollah.

La dame de l’aube

Ils ont joué tous les jours à cache-cache avec cette Dame de l’Aube qui leur tendait les bras et qui, d’ordinaire vêtue de sa robe de bure noire, les encourageait à venir l’étreindre dans le piège de son baiser. Cette nuit-là, chaude comme toutes les nuits des mois d’été, le 12 août 2006 précisément, elle s’était faite toute belle, parée de blanc à l’image d’une belle entreprenante au visage envoutant. Yohan Zerbib pouvait difficilement ne pas être subjugué par son apparition insolente, lui, le garçon seul, privé de la tendresse de ses parents, dans une solitude volontairement acceptée et loin des bras protecteurs de sa mère.
Puis un jour, la belle de l’Aube l’a captivé de son regard, lui a insufflé son désir de l’étreindre, la enlacé pour l’amener à se compromettre à ses côtés, allongée dans un lit de chêne, à l’abri des regards, dans le carré militaire d’Ashdod. Et quand le piège s’est refermé, on imagine son dernier cri à sa mère, sa dernière pensée, son dernier souhait, sa dernière volonté. On imagine aussi la visite de l’Attaché militaire israélien venu à Montrouge, au cours de la nuit, sonner à la porte de parents restés dignes devant le malheur car Yohan Zerbib avait choisi sa voie en toute conscience et en toute liberté. 


 Petit pays de merde 



Il n’était pas sûr de son destin par opposition aux Kamikazes dont l’issue restait tracée et irrévocable. Lui se battait pour la vie, pour que son pays résiste, pour que l’horreur s’arrête et pour que les juifs du monde soient fiers de ce «petit pays de merde».
Mais il n’avait jamais songé un seul instant à punir sa mère ; il n’avait jamais songé à ouvrir intentionnellement une plaie qui restera éternellement béante tant il se croyait invulnérable. Ces jeunes à la conviction profonde, frisant parfois l’inconscience, excitent notre fierté et nous montrent que le bien-être de la communauté passe par le sacrifice de soi. Mais la punition est trop injuste pour ceux qui l’ont mis au monde et à défaut de maudire le Ciel, parce que Yohan était croyant et pratiquant, il leur restera toujours la solution de tancer vertement la Dame de l’Aube, venue cette fois encore, trop tôt à leur gré, s’inviter alors qu’elle n’était pas attendue.

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