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dimanche 15 août 2010

L’IRAN ACTIVE SON PREMIER REACTEUR NUCLEAIRE A BUSHEHR







L’IRAN ACTIVE SON PREMIER REACTEUR NUCLEAIRE A BUSHEHR

Par Jacques BENILLOUCHE

Les autorités israéliennes ne cachent pas leur préoccupation devant l’annonce imprévue, le 11 août, de l’activation du premier réacteur nucléaire iranien à Bushehr. L’agence russe d’énergie atomique (Rosatom) a révélé que la Russie aidera à charger le réacteur de combustible le 21 août. Le porte-parole de l'Agence russe à l'énergie atomique Sergei Novikov a précisé : « Cela signifie que la période d'essai est terminée et que le lancement physique a commencé, mais cette période prendra deux mois et demi. » Une cérémonie de lancement est prévue avec la présence conjointe de Sergei Kiriyenko, directeur de la Rosatom et Ali Akbar Salehi, directeur de l’Organisation de l’énergie atomique de l’Iran.

                     Protection russe

La surprise ne s’explique pas puisque Vladimir Poutine avait déclaré en mars que le Russie avait planifié ce démarrage pour cet été. Mais tous les espoirs avaient été mis dans la capacité de persuasion des Etats-Unis pour convaincre la Russie de renoncer à équiper l’Iran de nucléaire. Les bonnes relations entre Medvedev et Obama suggéraient un consensus entre les deux pays mais la décision politique n’a pas évolué.

Les israéliens s’inquiètent des aspects militaires de l’usine puisqu’ils ont envoyé des hauts fonctionnaires à Washington afin de connaitre la position de Washington à cet égard. Ils avaient été bernés par l’annonce de nombreux retards qui mettaient en cause la date de réactivation de la centrale. Ces retards avaient été suggérés par l’espion double iranien qui avait berné l’administration américaine sur l’évolution du programme nucléaire iranien. Barack Obama avait rassuré ses alliés en transmettant l’engagement qu’il avait obtenu lors de ses entretiens avec Medvedev et Poutine et en précisant que la centrale nucléaire ne serait pas mise en ligne cette année. Cet engagement avait convaincu Israël qu’il pouvait reporter sans danger toute intervention militaire contre l’Iran. Il s’avère que les russes avaient lancé un leurre pour camoufler en fait le programme de Bushehr. Double intoxication iranienne et russe.


Mais cette annonce qui, malgré tout, restait dans les prévisions, est concomitante avec la décision de la Russie d’installer des batteries antimissiles S-300 en Abkhazie, sur la Mer Noire. Les israéliens interprètent cette décision comme la volonté de protéger le couloir aérien qu’ils pourraient utiliser au-dessus du Caucase pour atteindre les installations nucléaires iraniennes. Les russes n’ont pas fourni de S-300 aux iraniens mais ils se substituent à eux pour les protéger.

                     Fenêtre de tir

Dans une interview à Fox News le 11 août, John Bolton ancien ambassadeur américain aux Nations Unies a précisé que le chargement des barres de combustible nucléaire constituait un point de non-retour parce que la date du 21 août est la date limite au-delà de laquelle il serait difficile à Israël de lancer une attaque contre le réacteur nucléaire. En effet, « le risque de propagation du nuage nucléaire dans l'air et dans l'eau du golfe Persique » créait un danger écologique nuisible à toute la région. John Bolton donne ainsi aux israéliens une fenêtre de tir de quelques jours pour agir en faisant référence aux destructions des centrales irakienne et syrienne : « Israël a attaqué le réacteur nucléaire irakien Osirak en 1981 et la centrale nucléaire de la Syrie en 2007, avant que les barres de combustible n’aient été installées ».

Israël souligne le mensonge qui a entouré la création de l’usine de Bushehr, annoncée comme un programme civil alors qu’elle fait partie intégrante du programme militaire iranien. Les barres de combustibles peuvent en effet facilement produire du plutonium de qualité militaire. Il s’agit d’une question de temps pour que Bushehr fournisse les éléments de base constitutifs à un armement militaire nucléaire. Les iraniens se sont certes engagés par écrit à renvoyer toutes les barres de combustible irradié vers la Russie afin de prouver qu’ils ne s’en serviront pas pour fabriquer des armes nucléaires. Mais Israël estime que les promesses iraniennes n’ont jamais été tenues et qu’Ahmadinejad continue à berner l’opinion occidentale sur ses réelles intentions militaires.

L’un des experts du Moyen-Orient, Jeffrey Goldberg, avait insisté sur le risque estimé à 50% d’une attaque conjointe de l’Iran par Israël, les Etats-Unis et le Royaume-Uni au cours de l’année 2010. Il semble à présent que les délais ont été raccourcis et que la décision israélienne d’intervenir immédiatement est entre les mains du gouvernement de Benjamin Netanyahou.

Si l’action est décidée, les risques politiques et militaires seraient à très haut niveau parce qu’ils embraseront la région mais l’inaction israélienne serait en revanche interprétée comme une faiblesse qui encouragera certaines organisations islamistes à agir contre Israël. Le dilemme est crucial pour l’Etat juif qui a toujours considéré que l’Iran menaçait son existence.

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